La dette publique est-elle hors de contrôle ?

par Christian Chavagneux, journaliste. Publié sur le site d’Alternatives économiques le 16 septembre 2024

Malgré le dérapage récent des comptes publics, il n’y a pas (encore) le feu au lac. Pour ne pas tuer l’activité économique, le redressement des comptes devra être progressif.

A la fin du premier trimestre, la dette publique française s’élevait à 3 159,7 milliards d’euros, soit l’équivalent de 110,7 points de produit intérieur brut (PIB). Avec un déficit budgétaire à 5,5 % l’an dernier et des prévisions encore plus mauvaises pour la suite (5,6 % cette année et 6,2 % l’an prochain), la France commence à prendre une pente dangereuse. La maîtrise des déficits et de la progression de la dette sera sûrement en tête de liste du programme du nouveau gouvernement.

Mais maîtriser les comptes publics relève d’un art subtil : trop tailler dans les dépenses ou trop augmenter les impôts ont des effets négatifs sur la demande intérieure. Avec la consommation et l’investissement, les dépenses publiques sont l’un des moteurs de l’activité. Selon la dernière analyse de conjoncture de l’Insee, c’est même en ce moment le dernier moteur interne allumé : une trop grande austérité achèverait de plomber notre économie.

De la même façon, augmenter indistinctement les impôts de façon trop soutenue affaiblit le pouvoir d’achat des ménages et la consommation – raison pour laquelle il faut cibler ces hausses sur les très riches dont la propension à consommer est faible.

Bref, il faut rétablir les comptes publics mais « ne pas tenter à tout prix de réduire la dette (encore moins à court terme), mais plutôt éviter qu’elle n’explose » expliquent les économistes Clara Léonard et Mathilde Viennot dans une analyse récente. Il faut prendre son temps pour bien le faire, de sept à dix ans, conseillaient les experts du Conseil d’analyse économique (CAE), et ceux du Cepremap (Centre pour la recherche économique et ses applications) cet été.