HEC 2024 – Rapport de l’oral d’ESH
Morceaux choisis du rapport :
La plupart des candidats souhaitent reproduire à l’oral (donc en 10 minutes maximum) le modèle de
la dissertation de l’écrit en 4 heures, avec 3 parties et parfois autant de sous-parties. Ceci est irréaliste. L’oral est une épreuve spécifique, non une « mini-dissertation » ; il s’agit d’un exercice pédagogique autonome, qui a ses propres « codes » en raison des contraintes particulières d’un oral court. De manière plus précise encore, l’introduction pose souvent problème, apporte peu, et se limite trop souvent à une glose sur l’énoncé du sujet sans mettre en valeur la moindre problématique ; beaucoup font même une introduction de 4 minutes ! Or, il ne faut pas le perdre de vue, le jury évalue avant tout la capacité à problématiser la question et à en présenter les enjeux principaux. Dans le « cœur » de l’exposé, le candidat peine souvent à ne mobiliser que les concepts, faits et raisonnements strictement nécessaires et pertinents à l’analyse su sujet posé. Quant à la conclusion, elle est dans la très grande majorité des cas une synthèse, beaucoup trop longue, de l’exposé ; la valeur ajoutée apportée est donc très faible. Ainsi, le jury a l’impression que le candidat cherche à « tenir » les 10 minutes… quitte à réduire la densité et la pertinence des propos ; c’est dommage !
Beaucoup (trop) de candidats ont tendance à remodeler leurs sujets afin de le faire correspondre à des fiches de connaissances connues…et par là même récitées ; il suffit parfois qu’un concept soit mobilisé par le candidat pour qu’il développe des parties de cours, très souvent de manière inappropriée par rapport au sujet. Ceci le rassure probablement, mais peut conduire à effectuer des hors sujets pénalisants. Durant la demi-heure de préparation, le candidat doit s’efforcer de réfléchir au sujet posé et non à chercher quelles fiches de connaissances sélectionner.
Durant leur exposé, de nombreux candidats citent beaucoup d’auteurs et d’articles, parfois plus d’une dizaine. Ce « name dropping » ne fait pas illusion auprès des jurys et, le plus souvent, couvre une absence de profondeur, de raisonnements et d’analyses (les questions qui suivent le confirment d’ailleurs). Si des références théoriques sont nécessaires, il n’en demeure pas moins qu’elles doivent être comprises, éventuellement relativisées… du moins toujours lues ; or tel n’est pas le cas ! Très souvent, les auteurs des articles ou des ouvrages cités avancent des idées beaucoup plus nuancées que ce que rapportent les candidats, ce qui apporte la preuve que ces sources originelles n’ont pas été lues in extenso. Le jury souhaiterait vivement que le candidat tire parti de ses lectures, pense plus par lui-même et soit surtout beaucoup plus critique.
Peu de candidats prennent l’initiative de présenter au tableau des graphiques ou des équations
microéconomiques ou macroéconomiques comptables ; lorsqu’ils le font, les représentations et les analyses manquent de rigueur (erreurs sur les axes, démonstrations imprécises voire fausses…). Or le jury attend des candidats qu’ils connaissent les graphiques incontournables en lien avec les différentes thématiques du programme… Ceci au-delà des seules courbes de l’offre et de la demande.
D’une manière générale, le jury constate chaque année (et déplore) que deux champs importants sont très mal maitrisés par les candidats : d’une part l’économie budgétaire et fiscale et d’autre part les « questions sociales » (structure de la protection sociale, modes de financement, enjeux et réformes dans ce domaine, évolution dans leurs grandes lignes des relations sociales et professionnelles…) ; or ces champs sont au cœur des grands débats et enjeux contemporains. Plus généralement, les ordres de grandeur de données économiques majeures sont souvent très approximatifs